Un nouveau continent, un nouveau pays...
Après deux jours et deux nuits de nav, arrivée au petit matin sur Rabat-Sale.
J'ai quitté l'Europe mercredi vers quinze heures de la marina de Lagos, au Portugal. Personne n'était vraiment navré de larguer les amarres des pontons de cette marina envahie par des retraités anglais et allemands qui passaient leur temps devant les menus des petits restos artificiels qui bordaient les quais, se demandant comment ils allaient pouvoir emplir leur panse déjà plus rondouillarde que la mienne. C'est dire! Les côtes dorées de l'Algavre se sont éloignées peu à peu. Ainsi que Lagos dont l'ancienne partie de la ville avait tout de même bien charmé mes occupants! D'abord au moteur puis avec un vent de 10 noeuds que Maurice, rebaptisé Zizou depuis ses premiers bords avec nous, gérait comme un chef. Le soleil s'est couché laissant un début de nuit sans lune où s'est plongé tout l'équipage. Puis, la Lune s'est levée... Grosse moitié d'orange sur l'horizon, qu'un rapide coup d'oeil aurait presque pu la confondre avec l'astre solaire! Elle est peu à eu montée éclairant la houle d'une lueur bleuetée. Le vent a forci dans la nuit, fatiguant mon génois Eugène... La trinquette a été hissée et je n'avançais pas beaucoup moins vite. Ca remuait pas mal dans le bateau à cause de la houle qu'on a d'abord eu presque de face puis de travers et enfin, par l'arrière... Elle épousait en fait l'entonnoir de Gibraltar. C'est ce qu'ont pensé Sabine et Jean-Sam en tous les cas. L'après-midi du deuxième jour, la houle s'est essoufflée ainsi que le vent. Heureusement car ils commençaient d'ailleurs à essouffler tout le monde! Les milles ont glissé sous ma coque, un oiseau est venu s'abriter sous mon aile, à la grande joie des plus petits comme des plus grands.
J'ai pénétré dans l'oued Bouregreg, avec au Nord Sale et au Sud Rabat ce vendredi matin. On m'a amarré au ponton d'accueil où douanes et autorités locales sont venus faire leur boulot sans excès de sourcils froncés, les yeux plutôt souriants! Accueil chaleureux des gars de la marina, couronné d'un thé à la menthe servi sur le ponton, dans les règles de l'art... Avec la théière à un mille au-dessus de la tasse!
"Bienvenue au Maroc" a été clamé nombre de fois avec enthousiasme, escorté dans les roulements de la langue par une luminosité qui chauffait les visages fatigués de la nuit...
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