Premières visites...
Ce sont d'abord les hauts sommets de Manhattan qui se sont dessinés sur l'horizon. Le One-world et ses acolytes ont émergé alors qu'il nous restait une bonne vingtaine de milles à parcourir. Les tours s'épaisissaient au fur et à mesure que Beluga avançait, nous offrant un des zooms les plus lents de notre périple. C'est souvent dans ces douces approches que se cristallisent toutes les projections qu'on pouvait avoir sur le lieu qu'on s'apprête à accoster. Un pont est apparu... Le Verazzano. Sa structure métallique se tendait entre le New Jersey et New York, aussi fine de loin que le fil d'un habile funambule. Peu à peu, les bouées des différents chenaux ont coloré l'eau grise et le trafic s'est intensifié. Beluga pointait Coney Island et Rockaway beach. Sur tribord, une fine langue de sable à bordé l'horizon, étonnamment vierge comme un iceberg décroché de l'Antarctique.
On aurait dit une dune bretonne en plein coeur de l'hiver, abandonnée par les touristes et même les habitués. Premier contraste avec les images d'une ville fourmillante. Sur babord, c'était le festival habituel de grande roue, double looping et autres attractions à sensation dont nous avait déjà régalé la côte américaine. Il y avait des voiles aussi qui parsemaient de leur triangle les rives new-yorkaises. Manhattan a disparu, bouffé par un avant-plan trop proche. On a longé Coney Island, ses plages, ses immeubles et petites maisons de bord de plage, bien loin eux aussi des trottoirs de Downtown! On a jeté l'ancre dans une petite crique d'où on entendait un bruissement urbain, entre sirènes et sifflements stridents étouffés de rails de métro.
Des avions la survolaient... Peut-être que le lendemain, Robin, Lola et Ju la survoleraient également avant d'atterrir. Pas un chat dans la crique mais par contre des nuées de moustiques qui ont fait un festin de nos peaux tropicaliseés toute la nuit.
Au réveil, branle-bas de combat pour l'arrivée de nos invités! On frotte le pont à grands coups de seaux, on balayette et pelle, on astique le gros Beluga. On a juste le temps de faire une expédition terrestre pour peaufiner le tout avant que la Belgique ne débarque ! Ils arrivent, on se retrouve en se reconnaissant à peine tellement tout le monde a changé. Ça fait du bien... Mais Beluga a envie de participer à la renconte et trépigne. On lance alors l'engin dans l'Hudson pour une remontée vers la Lady new-yorkaise... Lola adopte de suite notre Beluga et enfile son maillot, Robin observe les manoeuvres, le trafic et les rives dont l'urbanisme s'intensifie à chaque dixième de mille parcouru. Ju savoure tout ça.
On jette l'ancre après avoir contourné Liberty Island et sa célibrissime statue. Je l'avais toujours trouvée un peu surfaite sa réputation, elle ne figurait pas partie au top five de mes légendes new-yorkaises. Une fois de plus, la confrontation avec la réalité redistribue les cartes. Elle s'est esquissée sur son piédestal et s'est naturellement imposée comme un cumulonimbus dans un ciel de traîne.
On s'endormira avec l'impatience de découvrir la suite et de vivre ensemble tout ce qu'on a imaginé de ces retrouvailles depuis qu'elles sont annoncées !