Sable et poissons vers le Cap Vert
On est parti un beau de dimanche de décembre pour une traversée jusqu'au Cap Vert. La première journée s'est passée comme n'importe quel début de traversée: quasiment tout le monde était dehors pour éviter le mal de mer indésirable, on écoutait de la musique et on regardait l'île de Gran Canaria s'éloigner petit à petit.
Le lendemain, tout à basculé... on prenait du sable dans le nez et la visibilité jusqu là normale s'est réduite à moins de quatre milles. Nous avions des filières jaunes et oranges; on ne distinguait plus très bien les différents bouts, ils avaient tous une couleur ocre de sable. On était à environ 60 milles de la côte du Sahara Occidental lorsque nous avons pêché notre premier poisson: une bonite bleue électrique sur le dos et rayée sur le côté.
Elle était magnifique et délicieuse. Même Marjane qui d'habitude n'est pas une grande fan de poisson m'a dit:"La bonite de l'aut' fois, elle était bien bonne!".
Petit à petit la visibilité est tombée à trois milles. Le détecteur de radar était allumé vingts quatre heure sur vingts quatre pour nous avertir, de son bip, de l'éventuelle approche d'un cargo. Dès qu'il retentissait, nous allumions le radar pour le localiser précisément et suivre sa route. Lorsque ils étaient assez proches, nous les voyons surgir du rideau de poussière soulevé par l'Armathan. C'est ainsi que nous déterminions la visibilité!
Nous avons pêché notre deuxième et troisième poisson le lendemain, au même moment, les deux poissons sont sortis de l'eau dans de grandes éclaboussures. Deux grosses dorades coryphènes, vertes, jaunes et bleues ont mordu à chacune de nos lignes.
Le sable était de plus en plus présent, il se posait sur tout ce qui n'était pas à l'abri du vent. On pouvait en récolter sur les filières en les frottant du doigt. C'était très étrange. La visibilité s'était un peu améliorée quand une troisième dorade coryphène a fait tendre la ligne. C'était incroyable de pêcher autant de poissons en une seule navigation. Heureusement que nous étions sept car, sinon, nous en aurions eu peut-être trop.