J'ai quitté Nazaré et ses falaises je ne sais plus trop quel jour. Tout le monde a d'ailleurs l'air de se soucier de l'agenda comme de l'an quarante. Si, il y a juste une date qui semble les mettre en éveil, c'est le 7 novembre... Date butoir à laquelle doit partir mon nouveau copain de Hambourg pour nous rejoindre à bord. Vous savez, Maurice II, le régulateur.
Bon, bref, j'ai quitté Nazaré au moteur et je suis arrivé au moteur 5 milles plus loin, dans une petite anse toute mignonne, celle de Sao Martinho Do Porto. Et là, surprise, pas de port... Aucun quai ou ponton. Nada, que tchi, nothing. Bah, du coup, on a actionné le guindeau et mon ancre s'est posée sur un fond de sable, à 5 mètres sous l'eau. Que c'était bon de se poser sans avoir la sensation d'être emprisonné dans des pare-battes et des aussières de tous les côtés... Juste une chaîne, certes. Mais de mon point de vue, c'est nettement plus léger. Je vous assure.
Bon, après, les enfants n'ont pas résisté à la plage où pour la première fois depuis longtemps, quelques vaguelettes inoffensives venaient s'échouer. Qu'elles étaient douces par rapport aux monstres de Nazaré ou Leixoes. Le débarquement, c'était quelque chose. Maki, ma copine, était très impatiente. Malo vous a fait un p'tit reportage de l'embarquement dans l'annexe! Je vous le mets...
Le lendemain, ils ont déjeuné dans le cockpit. Un beau matin d'été alors qu'on est tout de même fin septembre. Euhh... Non, fin octobre! Je vous disais que les agendas hein. Ensuite, la chaîne est rentrée se lover dans la baille à mouillage et on est parti vers le Sud. C'était pas la tempête mais les voiles sont sorties puis sont rentrées puis sont ressorties puis sont rerentrées. Une partie de cache-cache avec le vent. Je ne saurais vous dire qui du vent ou du moteur a gagné.
Il y avait les îles Berlengas dans l'étrave. Alors, on a fini par y arriver.
Là-bas, pléthore de bateaux de pêche et donc, de poissons. La surface de l'eau grouillait par endroit.
Et vous savez ce que j'ai vu non loin de ma coque? Des poissons lune. Si, si, si. Je vous assure. A un moment, on a vu un truc briller... Avec une nageoire un peu squive qui ressortait. C'est parce qu'il se déplace sur le côté, en superficie, ce qui fait que son éclat brille et soit visible à distance, c'est pour ça qu'on l'appelle poisson Lune je suppose. J'suis malin hein!
Là-bas, on a essayé de replonger l'ancre dans une anse qui avait l'allure d'un mouchoir de poche, avec des fonds en forme de montagnes russes rocheuses. Mouillage avant et mouillage arrière, pour rester dans l'axe du mouchoir. Mais de ce côté de l'île, c'était le vent qui n'était pas disposé à nous offrir un abri calme (de l'autre, c'était la houle qui m'aurait fait remuer de la barre). On a bavé devant un paysage à couper le souffle. C'était un mouchoir en dentelle de Bruges tout de même! Pas le vulgaire kleenex. Puis on est reparti. Vraiment dommage... Mais bon, j'aurais pas dormi tranquille au-milieu des cailloux, avec ce vent d'Est mal orienté (le comble, non?).
Mon étrave a pointé Peniche. Ca se prononce comme ces bateaux tout plats dont j'ai déjà entendu parler mais que je n'ai jamais vus, je crois qu'on les trouve surtout sur les fleuves. On n'a pas mis très longtemps à y arriver. Sabine et Jean-Sam ont voulu réessayer un mouillage. J'ai l'impression d'être un peu tombé sur des acharnés de la pioche! Attention, je ne m'en plains pas... Je préfère moi aussi. Mais la houle, même fatiguée, continuait à bercer un peu trop vigoureusement ma coque. Alors, ils se sont résignés à aller au port où j'ai été accueilli à listons ouverts par un bateau qui venait de Finlande, le bougre.
Bon... Là, je suis plus loin que Peniche. Mais je vais pas mobiliser le clavier, je laisserai d'autres vous raconter la suite.